Naples au grand cœur

Publié le par Murielle Morier

Naples au grand cœur

La trame :

Luna, trentenaire italienne dans l’air du temps, a quitté Naples il y a bien des années pour le nord du pays, à Milan plus précisément, un endroit qui a coutume d’attirer les méridionaux comme un aimant. Ici, la jeune femme vit désormais une vie d’artiste épanouie, entourée de ses inséparables bonnes copines. Rien ne lui manque et notre héroïne a, selon toute apparence, tout pour être heureuse. Soudain celle-ci est rappelée sur les lieux de son enfance au chevet de son père, lequel a vu la mort de près. De vieux comptes restent en suspens avec ce géniteur avec lequel, autrefois, elle a été obligée de prendre ses distances. Mais le passé va la rattraper. Cependant, c’est bien connu, tant qu’on est vivant rien n’est impossible ! La phrase qui précède ne correspond pas à l’un des multiples proverbes napolitains remplis de sagesse qui ponctuent cet ouvrage. Non, il s’agit juste de mots réconfortants comme on pourra en glaner tout au long du récit. Ainsi, ce face-à-face imprévu avec son paternel amènera Luna à affronter certains fantômes et lui permettra aussi d’avancer vers des lendemains plus confiants. 
En effet, « parfois, on pense trouver le soleil en août, mais c’est la lune qu’on trouve en mars. » Là oui, par contre, il s’agit bien d’un proverbe typiquement napolitain, qui montre que, dans la vie, on peut s’attendre à tout. Même au meilleur. Luna a beau avoir laissé Naples très loin derrière elle, elle renouera bientôt avec ses racines, cela malgré les vicissitudes de l’existence.

Mon ressenti :

Ce livre m’a surtout offert un incroyable voyage dans une Naples authentique, un vocable qui, lorsqu’il est associé à cette ville, rime très souvent avec chaotique. Cette cité, certes généreuse, apparaît en effet bardée de paradoxes. Ville de tous les contrastes où l’humanité chaleureuse affronte au quotidien d’indéracinables problèmes sociaux, la Camorra reste en embuscade. Certes, on y souffre, comme partout ailleurs sur la planète, mais tout y devient plus intense. Ici, la vie palpite de jour comme de nuit. On s’imaginera volontiers prendre place à l’arrière d’une automobile et de l’habitacle retenir son souffle, confronté.e.s à l’inimitable conduite napolitaine. Dans cette ville où le feu rouge a, plus que nulle part ailleurs, fonction décorative et un message d’arrêt optionnel.
Avec ce roman on touche du doigt sinon la lune, en tout cas une ville plus vivante que jamais. On ressent aussi les embruns du front de mer, la brise marine et son parfum d’infini comme on hume l’arôme du café et l’odeur des pizzas tout juste sorties du four. On vibrera également à l’unisson des sensations de Luna, emporté.e.s que nous serons par une déferlante de bons sentiments qui, avouons-le, ne font pas de mal de temps en temps.
La ville que Luna a quittée a un cœur débordant d’amour. Cité de toutes les contradictions où tout n’est pas si noir (voir citation), ni blanc non plus d’ailleurs. On y verra aussi poindre un arc-en-ciel, phénomène climatique qui, c’est bien connu, ne révèle ses fabuleuses couleurs que si les rayons du soleil se trouvent tamisés par des gouttelettes de pluie. 

Revenir ici remet tout en question. C’est plus facile d’être loin, plus simple de haïr à distance. Sur place, mes racines me rattrapent, me clouent au sol et m’obligent à regarder ce que je ne voulais plus voir. Et tout n’est pas si laid. Tout n’est pas si noir.

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