Un trop-plein d’amour

Publié le par Murielle Morier

Un trop-plein d’amour

Overlove de Alessandra Minervini

Texte encore inédit en France – Avis aux éditeurs ! Je suis disponible pour traduire ce livre de l’italien vers le français.

Merci à Gessica de La Bibliothèque italienne pour la découverte de cette belle histoire.

La trame :

Sur fond de passion amoureuse et, au fil d’une écriture énergique qui mêle différents registres de langage, on suit avec délectation le parcours chaotique d’un couple. Le titre Overlove fait en effet référence à un trop-plein d’amour, lequel, de manière inéluctable, conduira à la rupture. Vous l’aurez compris, ce récit n’a rien d’une romance classique, dans le sens qu’il se concentre sur les sentiments de deux êtres qui s’aiment à l’excès. Ce débordement se trouve en phase avec l’air du temps, qui fait des ravages dans les cœurs et provoque des tornades au tréfonds de l’âme, à l’image de ces vents impétueux ayant ravagé le sud de la Californie ; un événement dont il sera question en avançant pas à pas dans l’intrigue.

C’est donc l’histoire d’Anna et de Carmine et des circonstances de leur rencontre, avec d’abord l’étrange réaction chimique qui va conduire une femme dans les bras de son bien-aimé de dix ans plus jeune qu’elle, ce musicien en quête de reconnaissance, par ailleurs marié et père de famille. Ensuite, ce sera la lente érosion des sentiments qui provoquera leur désunion.

Sur d’autres fronts, Anna devra aussi faire face à bien des coups durs, comme le suicide d’un parent qui entraînera la faillite de l’affaire familiale, en l’occurrence une boutique de fringues d’un genre particulier. Anna se heurtera également à l’addiction de sa mère au feuilleton télévisé, qui a Margaret Mitchell pour héroïne.

D’autres personnages vont s’ébrouer dans ce roman captivant, en particulier cet auteur de guides de développement personnel devenus best-sellers et ce couple que forment Blondie et Bowie – autrement dénommés B & B –, deux ressortissants du Monténégro, bien décidés à trouver en Italie leur pays de cocagne.

Le fond de l’histoire (éléments pour une quatrième de couverture) :

Que sommes-nous prêts à faire par amour ?
Pour répondre à cette question, ce roman se penche sur le sort de deux êtres, Anna et Carmine, dont l’histoire dure depuis trois ans. Anna est libre comme l’air tandis que Carmine, de dix ans plus jeune qu’elle, est père d’une petite fille et marié à une femme qu’il n’aime pas. Entre passion et culpabilité, tout au long d’une relation faite de hauts et de bas, ils se quittent et se retrouvent dans un perpétuel mouvement de yoyo.
Carmine est un auteur-compositeur tourmenté qui, pour de pures raisons alimentaires, va tenter sa chance à un très populaire festival de la chanson. Ainsi, celui-ci passe-t-il ses journées entre les murs de son studio d’enregistrement, alternant création et contrôle maladif de son poids. Rongé par l’amertume et la frustration, il appréhende tout changement. Jusqu’au jour où Anna le quitte d’une manière inattendue.
Aussitôt après ce départ, rien en apparence n’est bouleversé. Mais très vite, l’absence de l’autre se mue en un sentiment ambigu, pas à proprement parler une souffrance pour ce qui n’est plus, mais plutôt une douleur lancinante pour les lambeaux de ce qui reste.
Autour des personnages principaux, gravite une humanité à la dérive, composée d’individus inaptes à l’amour, d’artistes nombrilistes, d’hypocondriaques grotesques, de nouveaux riches d’Europe de l’Est et d’Italiens qui, après avoir savouré leur pain blanc, risquent fort peu d’apprécier le goût du pain noir.
L’écriture addictive et fragmentée d’Alessandra Minervini offre maintes occasions de se perdre et de se retrouver dans un récit qui parle si bien d’attirance et d’amour.

L’intrigue a pour décor l’extrême sud de l’Italie, plus précisément la région des Pouilles, une terre aux couleurs lumineuses éclipsées avec ironie par une certaine mélancolie.
 

Morceaux choisis et traduits par mes soins :

La voix est la dernière chose qui s’efface quand une personne disparaît, on ne l’oublie jamais. Même si les paroles se transforment en une langue morte, les histoires qu’elles transportent se répercutent en écho, renvoyant ceux qui restent face à eux-mêmes.

La peau d’Anna ne s’était jamais flétrie, son corps ne s’était pas chargé de kilos inutiles, pas un brin de cellulite ne capitonnait ses cuisses, même de celle qui est normale. Aucune ride pour offenser son visage. Sur elle, une robe neuve ou usagée ne faisait aucune différence. Sur ses jambes que les plis du drap marquaient, le jean qu’elle traînait depuis la fac lui allait encore comme un gant. Ceci lui donnait la sensation de n’avoir aucune prise sur sa féminité ni sur le temps.

Cette robe, gonflante à l’excès, lui avait donné l’impression d’être une princesse maladroite.

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Après le concert, derrière le podium, Anna était encore plus rayonnante. Carmine l’avait complimentée :

– Ce que tu es belle.

Elle avait aussitôt reculé en plissant les yeux et en le priant de ne pas exagérer.

– C’est pas le moment.

– La beauté n’est pas qu’un mot, c’est tout un langage, s’était-il empressé de préciser.

Les yeux fermés, Anna avait donc murmuré « ça suffit », terrifiée à l’idée de le regarder en face et de tomber sur son inquiétant sourcil dressé, si caractéristique de son indifférence. Carmine en revanche pouvait discerner la voix d’Anna comme des bruits de pas entendus dans la nuit noire. Comme un refrain qui pourrait signifier ennui.

À propos de l’autrice :

Alessandra Minervini est originaire de Bari ; oui vous savez la capitale des Pouilles, le Sud extrême, le talon de la Botte ! Passionnée par les mots, elle anime régulièrement des ateliers d’écriture, au sein desquels elle garde en tête la si jolie pensée de John Fante : « Pour écrire, il faut aimer, et pour aimer il faut comprendre. » www.alessandraminervini.info

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