« Calamythique »

Publié le par Murielle Morier

« Calamythique »
Le Diable blanc, le roman de Calamity Jane de Hortense Dufour
 
Présentation :
 
Dans le pays de la démesure et de tous les excès, les figures du Far West appartiennent davantage au mythe qu’à l’histoire. Une sacrée bonne femme comme Martha Jane Cannary, passée à la postérité sous le surnom de « Calamity Jane », méritait bien un roman. Mission accomplie par Hortense Dufour dont le « Diable blanc » dépeint avec panache le parcours d’une héroïne intrépide tout en nous faisant arpenter des décors de western, tantôt somptueux tantôt tragiques au fil des grandes étapes de la conquête de l’Ouest américain.
S’il n’a jamais été une sinécure de naître femme (ou de le devenir), cela l’est d’autant moins dans un univers sans pitié où seuls les colts et les dollars tiennent les hommes en respect. Fine gâchette, doublée d’une cavalière hors pair, Calamity Jane a donc durablement marqué son temps et les esprits, même si d’après les éléments biographiques, démêler le vrai du faux sur son compte relève d’un défi impossible. Quoi qu’il en soit cette force de la nature qui ne se distinguait pas par sa docilité a bien mérité d’entrer dans la légende. Conductrice de diligence, joueuse de poker, les Indiens l’appelaient « Diable blanc ». Quant aux visages pâles, ils ont couronné de « Reine des Plaines » une aventurière au destin d’exception, qui a participé parmi d’autres prouesses à la construction du chemin de fer et à la ruée vers l’or.
 
Mon avis :
 
Si un ange s’était posé sur Terre au moment de la construction du Nouveau Monde, il aurait pu croire avoir échoué au beau milieu de l’enfer. Et ce sont bien les différents cercles d’un scénario dantesque que Martha Cannary devra franchir dès sa prime jeunesse. Contemporaine des guerres contre les Indiens, elle se frotte à la rudesse du Far West où même la loi du Talion a du mal à être respectée ; souvent, dans la poussière de ces contrées, ce n’est même plus « œil pour œil, dent pour dent », mais plutôt un œil : les deux, une dent : la mâchoire entière. Notre héroïne devra aussi résister aux épidémies ainsi qu’à la mentalité étriquée d’une société WASP bien-pensante engluée dans sa bigoterie.
Gagner sa vie dans l’Ouest relevait donc du duel quotidien avec la mort, à plus forte raison pour Martha Jane (je m’autorise cette familiarité tant je me suis attachée à son personnage). Née dans la pauvreté, elle s’est en effet battue jusqu’au bout et sans répit, quand on sait, de surcroît, qu’une femme recevait parfois moins d’égards qu’une pouliche…
L’angle romanesque qui décrit cette trajectoire sans pareille ne pouvait oublier l’amour. Sa rencontre avec Wild Bill Hickock sera une éclaircie dans la tourmente. C’est lui, l’ange tombé du ciel. « Mon ange », c’est ainsi que Calamity Jane appelait ce drôle de bonhomme dont la devise est « tire d’abord, discute ensuite ».
L’ange embrasera cette femme qui communiait avec la nature sauvage et se lavait à l’eau des torrents. Il l’embrasera d’une passion ravageuse, et orageuse aussi, car deux cœurs vaillants, l’un comme l’autre épris de liberté, ne pouvaient connaître un bonheur sans nuages…
 
Calamity Jane est enterrée au cimetière du mont Moriah (Dakota du Sud). Elle repose dans « ce jardin sous le ciel » près de Wild Bill Hickok, où le souffle du vent murmure qu’il a été le seul homme qu’elle ait aimé à la folie et dont elle aurait eu sa fille Janey.
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Merci pour cette belle chronique qui nous fait rêver et nous sort un peu de la "calamité" du moment... GRAZIE!!
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