Versifier sans compter

Publié le par Murielle Morier

Versifier sans compter

Cinquante-deux reflets de Pierre Thiry

On connaît (trop) bien Cinquante nuances de Grey, un peu moins Cinquante-deux reflets de Pierre Thiry. Et c’est bien dommage ! Ce qu’on trouve dans la première œuvre n’a, je crois, aucun rapport avec la deuxième. Et de ce point de vue, c’est tant mieux. Je pourrais donc disserter longuement sur ce qu’on ne trouve pas dans ce magnifique recueil de poésie, mais je préfère me concentrer sur ce qu’on y trouve.

Tout d’abord, dans sa dédicace manuscrite – merci à l’auteur – il est conseillé de lire ce livret à voix haute ou bien en sourdine, selon l’humeur, afin d’explorer les multiples ressources que propose le triple triolet. Pour sa part, Christian Robert, ex-professeur de lettres et coauteur de romans policiers un brin décalés, nous éclaire dans sa préface sur ce qu’est un triolet. Avec cette définition d’une haute technicité : « Dans sa forme la plus simple, un triolet est un poème de huit vers de huit syllabes, bâti sur deux rimes différentes, dont la première se trouve répétée au quatrième puis au septième vers et la deuxième au dernier vers. »
Eh bien heureusement que le triolet possède une forme « simple »… parce qu’en s’attaquant au « triple triolet », Pierre Thiry n’a pas l’air d’avoir opté pour la facilité. Ceci dit, et si j’ai bien tout suivi… tout s’éclaire à la lecture, qu’elle soit sonore ou muette.

Ensuite ce livre, structuré en quatre chapitres, s’enrichit de l’éternelle question : « Qu’est-ce que la poésie ? » Après avoir lu bon nombre de recueils de poèmes du même auteur, il est grand temps de m’interroger me direz-vous. Mais il n’est jamais trop tard. D’ailleurs, la matière poétique se renouvelle sans cesse au gré de nos regards en soi, sur autrui et le monde. Alors laissons-nous subjuguer par un kaléidoscope d’émotions où tourbillonnent tant de fragments d’images.

Tour d’horizon offert par ces reflets.

- Chapitre 1 – Miroitements : La poésie est partout pour qui sait la voir et, par touches subtiles, ces miroitements ne peuvent qu’inciter au rêve et à l’évasion.

- Chapitre 2 – Décors : Ensuite tous ces arrière-plans posent un cadre pour mettre en scène la poésie ambiante.

Et pour donner chair à l’ensemble – non, Christian et Anastasia n’ont rien à voir là-dedans –, il faut que ça bouge.

- Chapitre 3 – Danses et rythmes : J’ai probablement une oreille particulière (ce qui est vrai, comme la plupart d’entre nous), j’ai ainsi par moments intercepté comme l’écho d’une musique de rap. C’est ainsi l’impression que m’a donnée le triolet L’art se parfume.

L’art se parfume aux soirées qui s’égouttent,
Il regarde attentif étreint tes mains,
Cette sensation chantonne et tu doutes.
L’art se parfume aux soirées qui écoutent. […]


- Chapitre 4 – Aux risques du vent : entre rêve et réalité, l’âme vagabonde toujours et une kyrielle de personnages entrent en scène.

Pour conclure, je crois opportun de citer Paul Claudel qui, à propos de la poésie, aurait déclaré : « Il faut qu’il y ait dans le poème un nombre tel qu’il empêche de compter. » Alors, à l’issue de ce voyage poétique, à mon tour de m’interroger. Et si cet ouvrage donnait un indice capital sur ce nombre mystérieux ?

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