Dépasser les limites de l’humain

Publié le par Murielle Morier

Dépasser les limites de l’humain

Focus sur Virt(u)els de Rodolphe Le Dorner, une duologie de science-fiction aux allures de saga dystopique.

Virt(u)els Tome 1 La naissance de l’Homo Avatar et Tome 2 Du requiem de Bayes

L’intrigue : 2076. On n’arrête plus la réalité virtuelle ! Au point de rendre opérationnel un Projecteur Virtuel dont l’heure de gloire est censée sonner pendant la cérémonie des Jeux Olympiques de Paris. Cependant la technique, qui plus est à grande échelle, a parfois des ratées… Et la fête est gâchée. On retiendra en effet ce jour comme « l’Événement », un doux euphémisme pour qualifier une catastrophe épouvantable, qui rend captifs un milliard d’individus dans un monde tout en pixels, composé d’une suite de zéros et de uns. Un scénario d’une claustrophobie flippante à souhait…

L’enjeu : Dans le monde réel, la disparition d’une grande partie de l’humanité entraîne des conséquences à long terme. Restée dans ce monde-là, Léonie est plus que déterminée à retrouver Sergei Ismanov, le créateur du maudit projecteur à l’origine de cet « événement » pour le moins funeste. Or l’individu s’est volatilisé. Pendant que la jeune femme travaille à faire revenir Quentin de son coma contrôlé, dans l’univers numérique, la vie s’organise. De l’autre côté en effet, Quentin et ses compagnons d’infortune, les Virtels, entendent bien retrouver la sortie… et renouer avec cette bonne vieille réalité. Mais réussiront-ils à déjouer les vils desseins du dénommé Elias, ce triste sire qui ne recule devant rien pour étancher sa soif de pouvoir démesuré ?

Grâce à un style d’écriture vif et entraînant, on a hâte de découvrir le second opus des aventures de Léonie. Toujours animée par l’espoir fou de retrouver Quentin, notre héroïne continuera ainsi sa quête éperdue au péril de sa vie. Pour elle en effet, aucun prix n’est trop élevé et peu importe le danger.

Ressenti : Les résumés et le graphisme des couvertures laissaient supposer une réécriture de Matrix… qui feraient planer un sentiment de déjà-vu sur cette histoire, tant la science-fiction a remâché le thème de la réalité virtuelle. De plus, l’auteur a choisi d’alterner réel et virtuel pour rythmer son récit. Donc rien de neuf dans le procédé. Cependant, une fois en immersion, le charme opère. On se laisse peu à peu gagner par une atmosphère assez inédite, comme si on se baignait dans un fleuve pour la première fois.

Cette saga fait réfléchir au mariage de la technologie et de l’humain, qui s’unissent le plus souvent pour le meilleur et pour le pire, renvoyant l’humanité à son insignifiance et à la vanité de toute création. C’est bien beau de promettre de vivre dans un monde artificiel quand la médaille offre un si terrible revers. Qu’advient-il en effet en cas de bug, quand technologie et humanité entrent en collision ? Qui, au bout du compte, exerce le contrôle dans ce qui est programmé ? « Ne pensez pas, on pense pour vous… » peut-on lire. Ainsi un Virtel peut disparaître « un peu comme on efface une donnée d’ordinateur. » ; « C’est juste ce que nous sommes… » une donnée parmi tant d’autres.

L’auteur pose des questions essentielles avec naturel et simplicité. Dans sa quête de transcendance, l’humain peut-il encore conserver sa singularité et espérer vivre dans un monde meilleur ? Existe-t-il une conscience quelque part, quand on sait que l’homme n’a même plus le bon sens de sauver la planète sur laquelle il vit ? L’avenir, s’il y en existe encore un, le dira.

Pour conclure : une belle découverte et un auteur à suivre.

Le réel n’est qu’un voile dans lequel est drapé l’instant présent.

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