Un amour hors du temps

Publié le par Murielle Morier

Un amour hors du temps

Sur le bout de la langue d’Olivier Sorin

Tout comme en un clic le photographe capte l’essentiel d’une situation, Olivier Sorin n’a pas son pareil pour saisir le pouvoir d’un instant ; ce moment crucial à la fois fragile et décisif où tout se joue ou se déjoue. Ainsi nous avait-il démontré dans Le nombril de Solveig (cf. chronique du 15 octobre 2020 – un an déjà !) quel dédale le destin emprunte parfois pour réunir deux êtres. Et il récidive avec ce nouveau roman.
Cette fois, l’auteur trouve un autre point de bascule en nous faisant suivre la ligne de vie de Blanche et de Lubin et le chemin d’une valise bleue pour le moins mystérieuse qu’on ne perdra pas de vue. Bien mystérieuse en effet, car le diable voyez-vous se planque dans les détails. Oui, alors que désormais le bagage se décline en trolley, cette étrange valise, elle, comme surgie d’une faille spatio-temporelle, est dépourvue de roulettes… Ce n’est pas comme imaginer une bicyclette sans béquille, mais c’est presque pareil…
Pour démêler les fils de l’intrigue, on sera donc baladé d’atmosphère en atmosphère, d’un monde à l’autre : d’une cité de banlieue avec son bistrot de quartier où les réflexions des habitués pourraient alimenter une anthologie de brèves de comptoir au hall d’un aéroport, en passant par une visite guidée de la capitale, les ciels finistériens ou encore les plages de la mer du Nord.
Pour corser l’équation, ces aventures auront pour bande-son les mélodies du groupe Talk Talk et un arrière-goût de Palmito. Oui, on ne sera pas au bout de ses peines pour comprendre le lien qui unit nos deux héros.
Avec une prose toujours aussi inventive, truculente et addictive, on découvrira donc pas à pas le destin de Blanche et de Lubin tout au long d’un périple côtoyant aussi bien le drame, la peur de l’inconnu que la saveur de la nostalgie et la magie de l’instant.

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